Naissance du piano moderne 1820.
Au cours des années 1820, Érard (fondé par Sébastien Érard, 1752-1831) et Pleyel (fondé à Paris en 1807), développèrent l’instrument et se firent une concurrence stimulante. On sait que Chopin et Lisztutilisaient leurs pianos. La firme Érard apporta certainement les innovations les plus importantes, surtout du point de vue de la mécanique de l’instrument ; plusieurs centaines de brevets, qu’elle a déposés en France et en Angleterre décrivant des améliorations importantes, en témoignent. Ignace Pleyel, musicien, puis son fils, Camille, surent, quant à eux, s’entourer de chercheurs acousticiens et de scientifiques (Gustave Lyon, Auguste Wolff) pour développer de façon importante la sonorité, ils furent en effet les premiers en France à adopter le croisement des cordes et le cadre métallique d’une seule pièce, donnant à l’instrument plus de puissance, tout en permettant l’utilisation de cordes plus longues. Pleyel fit par ailleurs construire à Paris la célèbre salle de concert portant son nom et implanta la première usine électrifiée, préfigurant les méthodes de production modernes.
En 1821, Sébastien Érard inventa pour sa part le système à répétition double échappement, qui permet à une note d’être rejouée même si la touche n’est pas encore revenue à sa position initiale ; une innovation que les grands virtuoses sauront utiliser dans des compositions toujours plus difficiles et toujours plus rapides. Amélioré par Henri Herz vers 1840, le principe du double échappement devint finalement le mécanisme standard des pianos à queue, utilisé par tous les facteurs.
Le déclin de la firme Érard fut en partie dû à sa volonté de conserver et de produire un instrument à cordes parallèles (ou obliques), dans lequel l’homogénéité du son est meilleure entre les basses et les médiums.
D’autres innovations importantes ont été apportées durant cette période :
- l’utilisation de trois cordes au lieu de deux pour toutes les notes sauf les plus graves;
- le cadre métallique : situé au-dessus de la table d’harmonie, il sert à supporter la tension des cordes. Le cadre métallique fut la solution permettant au piano de supporter l’augmentation de la tension des cordes, de leur nombre, et de leur épaisseur. Ce cadre métallique fut inventé en 1825 à Boston par Alpheus Babcock, achevant une tendance d’utilisation croissante de parties métalliques dans la fabrication du piano pour le renforcer;
- le croisement des cordes, les cordes basses, passant au-dessus des cordes blanches, et portant sur un chevalet séparé. Cette configuration répartit mieux les tensions mais permet surtout une plus grande longueur de cordes pour un moindre encombrement, tout en ramenant le chevalet des basses au centre de la table où la faculté vibratoire de celle-ci est plus importante, donnant une plus grande puissance à l’instrument;
- les marteaux recouverts de feutre : les cordes en acier, plus dures, nécessitent l’usage d’un marteau plus mou afin de conserver une belle sonorité. Les marteaux recouverts de feutre compressé furent introduits par le fabricant parisien Jean-Henri Pape en 1826 ; ils sont désormais universellement utilisés;
- la pédale tonale, inventée en 1844 par Jean Louis Boisselot et améliorée par le facteur Steinway en 1874.
Le piano de concert moderne atteignit sa forme actuelle aux alentours du début du xxe siècle.
Depuis, seules des améliorations mineures ont été apportées à l’instrument. Cependant, l’ajout récent d’une nouvelle pédale, appelée pédale harmonique par son inventeur, a éveillé l’intérêt de pianistes renommés tels queMartha Argerich, Anne Queffélec ou Georges Pludermacher.