Pleyel, dernier fabricant français de pianos, va fermer à Saint-Denis
C’est la fin d’une épopée artisanale et artistique étalée sur deux siècles. La manufacture de pianos Pleyel, dernière à fabriquer des pianos en France, devrait fermer ses portes à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) «d’ici à la fin de l’année». «Dans une indifférence quasi générale, les prestigieux Ateliers Pleyel ont annoncé l’arrêt de l’activité du site de Saint-Denis», a annoncé la Confédération française des métiers d’art (CFMA) dans un communiqué.
Un responsable de cet ancien fleuron de l’industrie musicale française a confirmé la fermeture prochaine des ateliers, dont l’activité s’était considérablement réduite ces dernières années. «Les ateliers vont fermer, le processus est en cours, ça va se faire avant la fin de l’année. Je fais partie des gens qu’on remercie, on est 14 dans la même galère, à se retrouver sur le carreau», a dénoncé ce salarié, qui a souhaité rester anonyme.
Dans la soirée, l’entreprise Pleyel a confirmé la fermeture de l’atelier de production de Saint Denis, qui emploie 14 salariés, par le biais d’un communiqué, évoquant des «pertes récurrentes et un très faible niveau d’activité».
«Une première solution permettant d’assurer la poursuite d’une certaine partie de la production n’a pas aboutie. Compte tenu du niveau des stocks des produits finis, le maintien de l’activité commerciale est assuré. Des solutions alternatives seront recherchées», ajoute le communiqué.
Le fabricant était revenu à Saint-Denis en 2007
Le plus ancien fabriquant de pianos encore en activité dans le monde, fondé en 1807 par le compositeur Ignace Pleyel (1757-1831), avait déjà cessé en 2007 sa production à Alès, jugée non rentable face à la concurrence étrangère, notamment chinoise et coréenne. La marque avait ainsi décidé de se recentrer sur le haut de gamme en 2007, réduisant sa production annuelle de 1700 pianos en 2000 à une vingtaine aujourd’hui.
«Cette disparition est symptomatique du plan social de grande ampleur actuellement à l’oeuvre dans le secteur des métiers d’art. Chaque jour, des ateliers et des savoir-faire ancestraux, constitutifs de l’ADN économique et culturel de notre pays, disparaissent», regrette le CFMA. La société Pleyel avait obtenu en 2008 le label «Entreprise du patrimoine vivant» (EPV), attribué par l’Etat afin de distinguer des entreprises françaises aux savoir-faire artisanaux et industriels d’excellence. La construction d’un piano Pleyel nécessite 5000 pièces, entre 500 et 1500 heures de travail, regroupant 20 métiers différents (luthiers, ébénistes, vernisseurs, laqueurs…), indique le constructeur sur son site.
Source de l’article: publié par le Parisien le 12.11.2013 cliquez ici